L'arme du rire
25.10.2019 – 27.10.2019

« Pouvoir, argent, persuasion, supplication, persécution – tout cela peut tourner à la plus colossale supercherie, siècle après siècle ; mais seul le rire peut la faire voler en éclats d’un seul coup. Contre l’assaut du rire rien ne peut résister. »
Mark Twain, Le mystérieux voyageur

Il arrive que le rire se révèle une arme redoutable : « La déférence, la peur, l’attachement passionnel, voire l’adoration, ne résistent pas à l’éclat de rire, faisant de la dérision une arme contestatrice efficace et crainte » note Axel Kahn. Cette arme, dès le IVe siècle avant J.-C., Aristophane s’en saisit pour fustiger férocement les travers de la société athénienne, les puissants, les dérives de la guerre. Plus près de nous, un Jésus rebelle la confie à un pauvre vilain pour combattre les puissants « parce que ce n’est que par le rire qu’on fait baisser culotte au patron ». Cela donne la Naissance du jongleur de Dario Fo.

Ces éclats de rire combatif traversent l’histoire du théâtre comme ils se propagent aujourd’hui. Parfois noyés dans l’avalanche de spectacles pour rire qui trouvent un public toujours plus nombreux, ceux qui pourfendent les pouvoirs de toute nature – politiques, économiques, religieux –, ceux qui s’attaquent aux chaines qui nous entravent ou se mettent au service de causes « justes », de révolutions à venir, propagent une énergie communicative sans exiger pléthore de moyens. Précision de la charge, effets de surprise, de décalage, le rire se réinvente sans cesse comme l’arme du pauvre, l’arme du faible, surgissant par effraction, capable de rassembler comme de diviser et dont chacun peut s’emparer. Une arme qui sous des formes nombreuses dans et hors du théâtre – caricature, dessin de presse, opérations activistes pour n’en citer que quelques unes – joue avec les pouvoirs et que les pouvoirs tentent régulièrement de soumettre ou de réduire au silence.

Les Rencontres Jacques Copeau se pencheront cette année sur cette arme libératrice. Elles s’interrogeront sur son efficacité, sur la manière dont fonctionne le trio qui lie la cible du rire, son déclencheur et le rieur (le spectateur). Elles se demanderont comment parfois protéger ses victimes : Michel Serres nous alerte sur ce rire « dur » qui peut blesser ou détruire. Elles dessineront un paysage des combats par le rire qui s’inventent aujourd’hui sur les scènes de théâtre d’aujourd’hui en présence d’artistes, de chercheurs, d’étudiants, de passionnés et de curieux

Intervenant·es

Céline Champinot, Marco Consolini, Yves Cusset, Emmanuel Dreux, Laetitia Dumont-Lewi, Nathalie Fillion, Bernard Faivre, Nicole Genovese, Simon Grangeat, Agnès Larroque, Albert Meslay, Romain Nicolas, Gala Ognibene, Sylvie Orcier, Romain Piana, Béatrice Picon-Vallin, Patrick Pineau, Alain Vaillant

Animateur·ices

Caroline Châtelet, Ivan Grinberg, Jean-Louis Hourdin, Pascal Papini

Spectacles

Vols en piqué, texte Karl Valentin, mise en scène Compagnie Pipo
L'altermondialiste, Albert Meslay