« Je n’écris jamais de commentaires, ni d’avis, ni d’opinions. J’ai toujours cru – et je continue de croire – que ce n’est pas à nous de juger. Je suis une journaliste, pas un juge et encore moins un magistrat. Je me limite à raconter des faits. Les faits: tels qu’ils se produisent, tels qu’ils sont. Ça peu paraître la chose la plus simple, ici, c’est la plus difficile. Et ça coûte un prix fou."
Extrait de Femme non rééducable

La pièce, composée à partir des paroles et des écrits de la journaliste, offre une dramaturgie libre. Elle pourrait être matière à une évocation sensible d’Anna Politkovskaïa. Cependant, je veux m’affranchir d’une trame trop psychologique en choisissant une forme plus distanciée, proche du reportage journalistique. Je souhaite utiliser la densité et la sobriété des faits. Qui, de par leurs forces, génèrent une intensité plus physique que psychologique. L’écriture, parfois purement clinique, pourra être travaillée par le biais de la scansion afin de mettre l’accent sur le rythme particulier du texte. Ce rythme, en avançant inexorablement vers un achèvement que nous connaissons tous, fera écho à celui d’une machine infernale qu’il semble impossible d’arrêter. Ainsi, il ne s’agirait pas de consacrer la figure d’Anna Politkovskaïa en tant qu’héroïne mais d’être les passeurs de sa parole, de ses pensées et de son engagement inaltérable en faveur de la vérité et de la liberté. »

Femme non rééducable - Memorandum théâtral sur Anna Politovskaïa, Stefano Massini