Doucement mais sûrement, il jaunissait à la lumière des matins successifs. Comment avait-il atterri ici ? A cause de son titre. Quand j'ai commencé à faire des études pour devenir comédienne, que je me suis rendu compte que mon inculture théâtrale était abyssale, j'ai acheté tout un tas de classiques, et des livres de théorie. Et j'ai vraiment acquis celui-ci en me disant « ça doit parler de philosophie ou de sociologie du spectacle vivant, quelque chose dans le genre, ce serait bien que je le lise un jour. »
[Plus tard] Je découvre le film détourné « la dialectique peut elle casser des briques », les films de Debord et le situationnisme. Tout d'un coup, je comprends le vocabulaire, la grammaire, la force de cette pensée. Je réalise alors que, depuis quinze ans, dort sur ma bibliothèque une petite bombe.
Depuis, je suis obsédée par l'idée de traduire dramaturgiquement cette vision du monde. Comment adapter la pensée de Debord au théâtre, comment faire vivre métaphoriquement ce qu'il appelle « la société du spectacle » et qui n'a rien à voir avec la réduction qu'on en fait aujourd'hui à une simple expression de la propagande et des images ?