« Faire entendre la langue de Synge dans la nôtre, c’est ce que j’ai tenté, cherchant à reproduiretout ces petits sons, monosyllabiques souvent, onomatopées, cris de bêtes, sifflement de vents,molécules de matières, les pulsants en respectant trous d’air, hiatus, apnées, souffles,allitérations[...] Ce qui veut dire lâcher le sens, oublier les référents [...], puiser dans la réservede mots disponibles et réagencer le mot qui ira pour qu’il produise un sens similaire. [...] Lesens est au bout de l’énigme, chez Synge. Il se gagne par la difficulté à dire mais aussi par laphysique de l’oralité. [...] La beauté, elle, est au bout de tout ces petits chaos. La pièce ne parleque de ça. Elle y est, oui, cette beauté tant espérée, gisant là où on ne l’attend pas.»
Noëlle Renaude, note de traduction de La source des Saints, de John Millington Synge.