« J’ai rencontré Les Hauts de Hurlevent comme beaucoup, à l’adolescence (...) J’avais été bouleversée par les fantômes, les grandes passions s’inscrivant dans la démesure des paysages. Adolescente, j’ai écouté Kate Bush chanter Wuthering Heights. En constatant la persistance de ce mythe dans ma mémoire, et en relisant le livre adulte, j’ai été troublée par cette analyse impeccable des processus de vengeance, de réparation, au-delà de toute question morale. Je suis encore et toujours bouleversée par ce roman écrit dans un isolement total battu par les vents et totalement ancré dans son époque, ses réalités juridiques, ses conflits politiques – l’abolition de l’esclavage, objet de débats passionnés quelques années avant l’écriture du roman. D’une troublante modernité, Brontë crée le premier héros noir du roman occidental en la personne d’Heathcliff, en en faisant le point d’identification des lecteur·ices.
D’où mon envie de créer un spectacle qui mette en jeu à la fois le romantisme échevelé et la dimension documentaire de l’époque, en dialogue avec aujourd’hui et avec les réécritures du roman, notamment La migration des coeurs de Maryse Condé, qui situe l’action du roman en Guadeloupe. »
Anne Monfort