« La Maison Jacques Copeau est le point d’ancrage de cette hétérotopie. La vieille bâtisse, isolée au milieu des vignes, est ravissante. Ce qui me surprend toutefois, demeure la conservation patrimoniale du lieu de vie de l’artiste. Tout semble resté intact depuis son décès. Dotée de 6000 ouvrages, la bibliothèque est immense : elle part de la chambre de Copeau, déborde dans les couloirs et les pièces du dessus. Au milieu de ces étagères au dessin surréaliste, première découverte inédite : une pile d’écrits croisés entre Pierre Schaeffer, pionnier de la musique concrète en France, et l’homme de théâtre Jacques Copeau. Le récit de la première expérience de définition d’un théâtre radiophonique à Beaune en 1942. C’est le point de départ de mon exploration, qui se prolonge dans les archives de Michel Saint-Denis, neveu de Copeau, qui vivait dans la maison voisine. Et notamment celle de son double, Jacques Duchesne (nom d’emprunt de Michel Saint-Denis), l’homme qui dirige Radio Londres, et qui anime Les Français parlent aux français pendant l’Occupation. En tant que salariée du Théâtre National de Strasbourg (TNS), l’histoire de Michel Saint- Denis m’est familière. C’est lui qui a créé l’École du TNS en 1947. Toutefois, très peu d’entre nous connaissent cette histoire radiophonique en miroir. C’est mon point de départ. »
Béatrice Dedieu